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LA PEINTURE
Au début des années 2000, Mayeul Irlinger commence à expérimenter la peinture au sein
d’un collectif artistique, où il découvre le lettrage en négatif par masquage. C’est à ce
moment-là qu’il perçoit les possibilités de créer des motifs complexes, à la fois
sophistiqués et bruts. Ses premières peintures prennent forme dans des lieux informels :
la rue, des hangars ou des friches industrielles. Les trois outils qui lui deviennent
indispensables proviennent naturellement de l’univers urbain et industriel : la bande de
masquage utilisée en bâtiment, la peinture acrylique et le rouleau. Il poursuit cette
démarche en employant des matériaux « non artistiques », peignant sur des planches de
contreplaqué et d’autres supports trouvés dans des bennes de chantier ou abandonnés
dans la rue.
Fortement influencé par son expérience de sérigraphe, il développe une technique en «
négatif » qui consiste à superposer des strates, alternant masquage au scotch et couches
de peinture (acryliques et aérosols) sur contreplaqué. Les nombreuses couches sont
ensuite arrachées, révélant des compositions dynamiques et vibrantes. Ce processus fait
émerger de grandes compositions texturées, où l’on perçoit un paysage organique, parfois
chaotique, parfois plus ordonné, mais toujours vivant, un peu comme un instant figé d’un
tissage d’événements. Chaque peinture semble être un instantané, une photographie
atmosphérique, un reflet d’une ambiance d’actions entremêlées et figées dans le temps.
Il qualifie sa pratique d’« abstraction informationnelle », un tissage invisible des
interactions du vivant, qu’il perçoit comme un réseau de plans d'existence interconnectés.
Cela inclut le tissu relationnel et social, culturel et religieux, technique et informationnel,
énergétique et atomique (valeurs collectives, modes, égrégores, micro-ondes, électricité,
atomes). La couche d’informations la plus subtile, représentant le champ informationnel
quantique ou le vide créateur dans les traditions asiatiques, est symbolisée par les saillies
blanches qui figurent systématiquement en premier plan dans ses tableaux. Ce sont les
seuls éléments libres des compositions, ceux qui émergent du tout.

MUSIQUE ET CRÉATION SONORE
Depuis plus de vingt ans, Mayeul Irlinger explore la musique par la collaboration et
l’improvisation, qu’il considère comme un langage universel. Depuis 2021, il mène un
projet de recherche à travers des dispositifs expérimentaux. En avril 2024, il lance un
journal en ligne, où il partage les résultats de ses expériences. Ce travail combine
approche conceptuelle et sensorielle, et le journal lui permet d’expliquer les origines de
chaque dispositif.
Aujourd'hui, il travaille essentiellement avec des sons de la nature, qu'il associe à des
sons électroniques atypiques : micros contacts, bandes magnétiques et instruments
rudimentaires qu'il fabrique lui-même (lutherie sauvage). À travers ces outils, il développe
un folklore personnel qui joue avec les textures et les dimensions du son. L'idée d'un
monde multidimensionnel sous-tend sa musique et son travail en peinture contemporaine.
Dans ces deux pratiques, il cherche à tisser et faire danser les matières invisibles. Il
aborde la création sonore de la même manière que la peinture, utilisant un vocabulaire
similaire pour les deux. Pour lui, ces deux médiums sont indissociables et se nourrissent
mutuellement.

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